Visions, tome 2 : La dernière danse by Linda Joy Singleton

Auteur:Linda Joy Singleton [Singleton, Linda Joy]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

10

AVANT QUE J'AIE EU LA CHANCE DE DIRE AUTRE chose, les lumières au plafond s'allumèrent d'un coup.

Aveuglée par la clarté intense, je fermai les yeux.

Quand je les rouvris, Chloé avait disparu. Les lumières semblèrent briser le charme qui opérait sur moi et peut-être sur l'auditoire.

La folie s'installa partout. Des voix chaotiques s'élevèrent dans l'excitation pendant que les gens se bousculaient pour atteindre le pavillon. ils s'élancèrent en masse comme une foule en colère, en criant et en se poussant les uns les autres. Je clignai des yeux, comme une somnambule qui se fait réveiller brutalement. Pendant un bref instant, je ne savais pas ce que je faisais sur la scène. Je reculai de quelques pas, fis demi-tour et sautai sur le sol.

Puis je courus.

Des pas crissaient derrière moi. Alors, je courus plus vite. J'entendais les derniers mots de Chloé qui me martelaient la tête de façon incessante. Elle était folle si elle croyait que je ferais du mal à quelqu'un. Il n'en était pas question !

Derrière moi, les pas se rapprochaient. La peur m'étouffait et je continuais à courir. Je ne savais pas vraiment où j'allais, mais je voulais me rendre le plus loin possible.

Un caillou roula sous mon pied et je trébuchai. Mes bras battirent l'air, mais je réussis à garder l'équilibre. J'entendis un bruit derrière moi et, avant que j'aie pu me retourner, une main s'abattit sur mon épaule.

— Lâche-moi ! lançai-je en tentant de me libérer. Laisse-moi tran...

— Ça va, Sabine, c'est seulement moi.

— Thorn ?

J'essuyai les gouttes de pluie dans mes yeux et je me retournai pour fixer mon amie.

— Hé, je suis contente de te voir, poursuivis-je.

Thorn me tendit mon parapluie.

— Tu es trempée, dit-elle. Tiens, prends ça.

— Merci.

J'appuyai sur le bouton déclencheur de mon parapluie et ce dernier s'ouvrit d'un coup. Jusqu'à ce moment, j'avais à peine remarqué la pluie, mais à présent je frissonnais de froid.

— Pourquoi ne m'as-tu pas attendue ? me demanda Thorn. Il y a une raison pour laquelle je n'ai pas décidé de faire partie de l'équipe d'athlétisme. Je déteste courir.

— Désolée... et merci.

— Qu'est-ce qui t'a pris, dis-moi ?

— Je ne sais pas.

Je fus parcourue de frissons.

— Je n'arrive pas à croire que j'étais là-haut, dans le pavillon, devant des gens. J'avais l'impression de marcher dans un rêve. Je suis sans doute sombrée dans la folie.

— C'était bizarre, mais c'est terminé maintenant. Tu peux te détendre.

— Me détendre ? J'en doute.

Je ris nerveusement, regardant autour de moi le sol rocailleux, et je fus abasourdie lorsque je reconnus l'endroit où je me trouvais. Dans ma hâte de fuir, j'avais couru en haut de la montagne et je me tenais à présent à quelques mètres seulement de l'escarpement, la saillie mortelle où Chloé avait perdu la vie.

— Partons d'ici.

Thorn fit un signe affirmatif et nous fîmes un long détour pour contourner les lieux du festival et rejoindre la route.

— Est-ce que ça va ? me demanda-t-elle avec douceur.

— Aussi bien que possible après m'être donnée en spectacle comme une bête de foire.

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